La musique cathartique de Lucie Shame

La musique cathartique de Lucie Shame

Petit bout de femme mais grande intensité émotionnelle ! Sa musique a évolué en même temps que son parcours personnel, et a aidé Lucie dans l’expression de son identité et son affirmation de soi. Découvrez l’histoire de Lucie Shame dans ce focus artiste !

Clip YouTube Oh Lord par Lucie Shame :

Lucie, qui es-tu ?

Lucie Shame débute la musique dans un style assez académique. À onze ans, l’envie irrépressible d’apprendre à jouer du piano lui prend. Dès lors, elle se met pleinement au piano en se basant sur un répertoire classique, fascinée notamment par Les Impromptus de Schubert.

À l’âge de quatorze ans, Lucie tombe dans l’univers du rock, se passionnant pour le grunge et le rock indie des 90’s (Sonic Youth, The Divine Comedy et Nirvana). Plus tard, elle découvrira le titre Man Size Sextet de PJ Harvey, qui sera une révélation : « La chanson Man Size Sextet (…) m’a subjuguée dès la première écoute. J’ai voué un culte à PJ Harvey durant toute mon adolescence ! Le rock a été ma bouée de sauvetage, il était au diapason de mes émotions. » La passion du rock enflamme la jeune adolescente, et c’est tout naturellement que Lucie se met à la guitare, afin de créer ses propres chansons. « Le rock m’est apparu comme un moyen d’expression puissant, une façon de “crier sa tristesse ou sa joie” très appropriée quand on est timide dans la vraie vie. » Au répertoire classique se rajoute donc la musique rock, comme complément d’expression pour Lucie Shame.

Widow par Lucie Shame :

C’est en 1998, l’année de son bac, qu’elle compose et enregistre sur un magnéto cassette son premier « album » d’une dizaine de compositions, gardé secret en dehors du cercle familial. Après cet élan de création musicale, Lucie Shame mettra finalement la musique de côté pendant quinze ans, pour des raisons professionnelles et familiales…

Malheureusement, la vie n’est pas toujours rose pour Lucie Shame. Veuve à vingt-six ans, elle se retrouve avec une vie qui ne lui convient pas. Il y a neuf ans, sa passion pour la musique revient donc au galop : elle rejoue du piano et prend des cours au Conservatoire pour se remettre à niveau. Elle finit par elle-même donner des cours pour gagner sa vie, et se remet à la composition, cinq ans plus tard. En 2018, elle revient donc avec de nouvelles chansons… mais pas que : « J’ai donc eu besoin d’une évolution personnelle assez longue, concernant l’expression de mon identité, la confiance, l’affirmation de soi, pour m’autoriser à faire ce que j’avais envie de faire. Et pas seulement en musique, vu que j’ai aussi affirmé et enfin acté ma préférence pour les femmes. »

Pour ce qui est de la scène, sa première expérience fut avec le dispositif d’accompagnement Maps, lors d’un concert à Villejuste fin 2018 : « J’avais tellement peur que j’aurais peut être hésité à me lancer si je n’avais pas eu cette première expérience. J’ai ensuite joué beaucoup de concerts. » En effet, Lucie enchaîne les dates dans les bars et les cafés-concerts en 2019. Fin janvier 2020, elle joue au Truskel, premier concert en salle avec public debout depuis celui du Maps, avec une bonne énergie et un public réceptif. « J’ai pu jouer à la Pointe Lafayette, dans le même esprit, et j’espère continuer sur cette “montée en gamme”, tout en continuant mes concerts mensuels à Culture Rapide et dans d’autres cafés-concerts, ainsi que dans la rue ». En effet, jouer dans la rue lui permet de rencontrer des gens de tous horizons. Une fois, je jouais dehors à Saint Michel, et il y avait un SDF qui écoutait. Au début, il est resté sur son bout de trottoir : je voyais que ça lui plaisait, il balançait la tête. Puis sur ma reprise de Sympathy for a Devil, il s’est levé, s’est mêlé au public et il a dansé. Et puis à la fin, il m’a donné une pièce. J’étais très heureuse de l’avoir touché, comme ces touristes américains qui sont venus me remercier en me disant “ Très joli !”. J’aime que les mondes se rencontrent, et je déteste l’esprit de caste. »

Lucie Shame le 7 février 2020 à la Pointe Lafayette © Mialy Ramaharobandro

De Lucie Words à Lucie Shame…

À son début de carrière, Lucie prend le nom de scène de Lucie Words : « J’aime les mots, leur sens et leur sonorité. C’était pour mettre l’accent sur le texte car dans mes compos, le texte est très important. Ce sont le plus souvent des textes mis en musique et non le contraire. » Néanmoins, ce pseudo lui apparaît très vite comme étant trop « gentil » et trop « générique ». Lucie choisit donc le pseudo de ‘Lucie Shame’, plus punk, afin « d’échapper au préjugé de la gentille folkeuse qui fait de la reprise ». Ce nom est pour la chanteuse un moyen de mettre en avant le sens et la sonorité, le mot « shame » voulant dire « honte » français. « J’ai quand même mis plus de quinze ans à oser faire de la musique à plein temps et aller m’exprimer sur une scène, car j’avais trop “peur d’avoir honte” ! »

La musique de Lucie évoque le désespoir, l’amour et le rock’n’roll, dans la plus pure « émotion rock ». Ses chansons varient entre les ballades folk et les chansons rock et grunge vénères, s’inspirant de la musique classique, mais aussi particulièrement d’artistes comme PJ Harvey ou encore Nirvana, qu’elle reprend d’ailleurs. De la composition de Neil Young, Brassens, ou encore Anna Calvi, du rock pêchu de Deep Purple voire de Jimmy Hendrix et des voix expressives de Janis Joplin, d’Edith Piaf et de Jim Morrison, ce qui inspire le plus Lucie, c’est « le songwriting, les tripes, la mélodie, le rythme du blues ». Elle évoque également : « Je suis très sensible aux belles mélodies. Mélodiquement, je mets Kurt Cobain au même rang que Les Beatles ou Schubert. J’apprécie aussi le rock bien rythmé des Stray Cats, et j’adore les Beatles, les chansons “simples”, nettes, brutes. » Certains peuvent même penser que l’œuvre de Patti Smith l’influence également.

I Recommend par Lucie Shame :

Lucie vit par la musique et les sensations qu’elle lui procure. La musique lui est cathartique voire alchimique. Lucie s’exprime par ses compositions, afin d’exorciser des émotions pour en faire quelque chose de beau ou de drôle et ce, face à un public qui l’écoute. « Quand j’écris une chanson, c’est qu’un événement extérieur ou intérieur me fait ressentir une tension émotionnelle telle que j’ai besoin de la sortir de moi et de l’exprimer. En gros, c’est un cri d’émotion auquel je donne une forme. » Les thèmes que Lucie aborde sont assez personnels, mais il lui arrive aussi de traiter de sujets plus globaux, comme la fin du monde et Internet avec I Recommend, ou encore tabou comme le suicide, avec le morceau Fields and Worms. Que ce soit sur des histoires précises ou sur des états d’âme voire des impressions diffuses, Lucie déclare dans ses chansons ce qu’elle ne pourrait dire autrement : « Ça a souvent rapport à la mort, à l’amour, aux liens familiaux et au sentiment de ne trouver sa place nul part. » Sans filtres ni complexe, Lucie laisse exprimer ses failles et ses faiblesses, et accepte ses émotions, même négatives.

Fields and Worms par Lucie Shame :

Un deuxième album en vue pour 2020…

Sur scène, Lucie semble être un petit bout de femme timide et réservée. Néanmoins, au fur et à mesure que les titres se succèdent, l’artiste enchaîne les vannes avec un humour noir qui lui est propre : de l’autodérision assez potache et punk, qui fait tout de suite mouche sur le public ! « J’utilise beaucoup l’humour comme défense émotionnelle. Je fais pas mal de blagues idiotes entre les chansons. Tout cela, je l’ai construit au fil des concerts, notamment dans les bars car le public y est plus distrait qu’en salle ! »

Cependant, quand le set commence, se sont surtout son authenticité et son intensité qui frappent particulièrement son auditoire. «  J’aime toucher le public, le surprendre, lui faire ressentir des émotions, leur faire du bien avec du triste (ou du drôle, parfois). J’essaye d’être la plus authentique et sincère possible, c’est cela qui permet de toucher. Être pleinement soi-même. » Une technique qui demande tout de même de travailler sur un mélange de lâcher-prise et de concentration, mais qui s’avère efficace ! « Si je me sens bien, en général, le public va se sentir bien et vice versa. À plusieurs reprises, des membres du public m’ont dit qu’ils avaient été touchés au point d’en avoir les larmes aux yeux et qu’ils avaient adoré ça, le fait que je mette tant d’émotions et d’énergie sincère ».

« Je souhaite que le public puisse découvrir mes chansons et mon univers en passant un bon moment ! »

Mais Lucie continuera-t-elle sa route en solo ? « Il est vrai que bon nombre de mes compos sont vraiment rock et seraient très heureuses avec l’ajout d’une basse et d’une batterie. Je cherche actuellement un bassiste pour les enregistrements, et pour le live si affinités. À bon entendeur ! » Elle éprouve l’envie de collaborer avec d’autres artistes de la scène underground, afin de concevoir des créations à quatre mains ou faire des participations. « J’ai notamment en préparation une participation d’un artiste anglais underground de Paris sur ma dernière chanson, Fields and Worms » annonce l’artiste. Comme projet pour 2020, Lucie souhaite enregistrer au propre une dizaine de compositions de son set actuel, pour réaliser un ou deux CDs à proposer en fin de concert. Dans cette période de vulnérabilité et de connexion humaine qu’est le confinement, elle se met à la MAO pour de nouvelles chansons. Elle aspire également à créer du contenu bien produit pour son profil Soundcloud : « Pour l’instant ce qu’il y a sur mon Soundcloud ne me convient pas. Cependant ça peut donner une idée (cf Oh lord). Je vais aussi faire des clips même rudimentaires avec certaines de mes chansons, afin de faciliter l’accès à ma musique via internet. » Malgré la situation actuelle, Lucie Shame prévoit de faire toujours autant de concerts, qu’elle met à jour sur sa page Facebook : « Je ne peux bien sûr pas donner de date pour l’instant, mais j’ai tout de même plein d’idées en tête ! ».

Amicalement,

Alice

Love of My Love par Lucie Shame :

Pour en (sa)voir plus sur l’artiste :

Page Facebook : https://www.facebook.com/LucieShame/

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